Espace Japon/Corée
Mercredi 21 Décembre 2011
Kim Jong Un agé de moins de 30 ans, celui que la presse officielle nord-coréenne décrit déjà comme "le grand successeur" de feu son père, l'ex-numéro un Kim Jong-Il, n'avait aucune expérience des affaires de l'État ni de l'armée avant d'être choisi comme héritier officiel il y a trois ans.
Un pays en deuil, la sincérité du peuple ne peut être mise en doute
L’agence de presse officielle nord-coréenne a affirmé mercredi que cinq millions d’habitants de Pyongyang avaient rendu hommage à leur dirigeant défunt Kim Jong-Il dans les 24 heures ayant suivi l’annonce de sa mort lundi. "Entre le 19 décembre à midi, lorsque la triste nouvelle de la mort de Kim Jong-Il a été annoncée, et le jour suivant à midi, un total de plus de cinq millions de citoyens de Pyongyang se sont rendus devant les statues et portraits" du chef défunt. Ce chiffre avancé signifie que plus d’un cinquième de la population totale de la Corée du Nord, estimée à 24 millions d’habitants, aurait rendu un hommage public à Kim Jong-Il dans la capitale, sans compter le reste du pays. L’agence officielle a dépeint des "queues sans fin" d’habitants en tenue de deuil et des attroupements massifs en divers points de Pyongyang, ajoutant que l’un d’eux avait "dépassé 800'000 personnes" mardi midi. "Les gens étaient accablés de chagrin, certains d’entre eux s’effondraient" de tristesse, a ajouté KCNA. Dirigeant du pays depuis la mort en 1994 de son père, le fondateur de la Corée du Nord Kim Il-Sung, Kim Jong-Il est mort samedi d’une crise cardiaque lors d’une tournée en train, d’après les médias officiels. Tenu secret pendant deux jours, son décès a été annoncé lundi midi par une présentatrice de la télévision nord-coréenne en pleurs. Un deuil national de 13 jours a été décrété et les obsèques du "cher dirigeant" sont prévues le 28 décembre. La dépouille du "Cher Leader" repose au mausolée de Kumsusan à Pyongyang, où celle de son père Kim Il-sung est visible depuis son décès en 1994, présentée dans un cercueil de verre. Les habitants du pays le plus fermé de la planète, semblaient authentiquement affectés par la perte de leur «cher leader». «Ce déluge de larmes est la conséquence directe de la propagande appliquée par le régime», a expliqué sur le site du Nouvel Observateur Christian Delporte, qui enseigne la communication politique à Science po, Paris. Les habitants de la Corée du Nord croient sincèrement qu’ils vivent dans un pays mieux géré que les autres, grâce à leurs dirigeants éclairés. «Enserrer la pensée d’un individu dans un imaginaire exclusif est facile pour un pays complètement verrouillé, hermétique à tout contact avec l’extérieur», explique le spécialiste.
Kim Jong Un hérite d'une économie ruinée
Que le jeune Kim Jong-Un soit prêt ou non pour diriger la Corée du Nord, il hérite d'un pays à l'économie en ruine, dont la population est mal nourrie. L'économie de la RPDC est très affaiblie du fait de la perte de l'aide soviétique et d'un embargo écrasant. La RPDC connaissait pourtant un taux de croissance supérieur à celui de son voisin capitaliste du Sud dans les années 60. Mais la perte de l'aide cruciale apportée par l'Union soviétique a accéléré un déclin dans les 90, marquées par des famines ayant tué des centaines de milliers de personnes, sinon plus. Il faut comprendre que les terres arables sont essentiellement au sud du 51ème parallèle (ligne de démarcation des deux Corée) et que le nord est montagneux et peu propice aux cultures de masse. La RPDC a connu la récession en 2010 pour la deuxième année consécutive, sur fond de production agricole poussive, de difficultés de l'industrie à s'approvisionner en énergie et matières premières et de sanctions internationales plus sévères. Le pays dispose pourtant de vastes ressources en charbon et autres minerais, d'une valeur totale estimée par la Corée du Sud à 6.300 milliards de dollars. Mais la Corée du Nord en quête éperdue de devises étrangères en cède l'essentiel des droits d'exploitation à des entreprises chinoises. La mécanisation de l'agriculture est au point mort, les industries sont vieillissantes voir obsolète, pourtant le programme nucléaire coréen est un atout pour ce pays autarcique, atout qui a été utilisé par Kim Jong Il pour négocier des subsides et renforcer la position internationale de la RPDC. La production tant agricole que manufacturière n'a cessé de décliner depuis et la structure des exportations nord-coréennes, dominées par des minerais non transformés, atteste d'une situation de sous-développement industriel patent. Le système de santé n'est pas non plus des plus efficaces. Dans un pays où la santé est gratuite pour tous, rares sont les Coréens qui parviennent à se faire soigner. Certes, les hôpitaux et cliniques de Pyongyang sont d'assez haut niveau mais le pays est touché par une véritable pénurie de médicaments et de cliniques modernes dans le reste du pays. Les antibiotiques sont hors d'accès, si ce n'est au marché noir. La Corée du Nord est en train de s'ouvrir, très lentement, mais avec des progrès remarquables. Quand vous vous baladez dans les rues de Pyongyang vous pouvez trouver désormais des étalages mieux achalandés, avec pour certains des produits occidentaux payables en devises. On croise également dans les rues de la capitale beaucoup de téléphones portables et des jeunes avec des écouteurs sur les oreilles. Et Kim Jong-Il a fait ces dernières années des essais d'ouverture de l'économie. Jusqu'à une date récente, les tentatives d'ouverture de l'économie sur l'extérieur étaient restées sans lendemain et la Corée du Nord n'avait pas suivi son grand voisin chinois sur la voie des zones économiques spéciales, les deux projets au Nord-Est et au Nord-Ouest du pays (Sinuiju et Rajin-Sonbong) ayant fait long feu. Le complexe industriel de Kaesong situé à la frontière avec la Corée du Sud, fait exception en la matière, mais la présence des investisseurs étrangers y est minimale et surtout le complexe n'a pas connu l'expansion initialement envisagée, puisqu'aucun investisseur étranger n'y est présent en dehors des Sud-Coréens. Au cours des toutes dernières années cependant, de nouvelles tentatives d'ouverture se sont fait jour, avec la poussée, certes discrète et limitée mais résolue, de certains investissements chinois. Avant tout concentrés dans les régions frontalières du Nord du pays, ceux-ci sont le fait, non pas de grandes entreprises d'État, comme c'est généralement le cas, mais plutôt d'entreprises de taille modeste qui sont soit entre les mains d'intérêts privés soit gérées par des gouvernements provinciaux. Ces investissements, bien qu'important du point de vue nord-coréen, demeurent modestes en volume. Ils reflètent néanmoins, si ce n'est une stratégie délibérée d'ouverture, en tout cas une influence croissante de la Chine sur l'économie nord-coréenne qui n'est pas exempte de risques tant pour le pays lui-même que pour son voisin sud-coréen. Pour contenter son allié chinois qui plaide pour une ouverture progressive, le pouvoir central a bien autorisé quelques expériences d'économie de marché dans des « laboratoires » isolés. Mais ces zones spéciales ne décollent pas. Dans le port de Rajin-Sonbong, au nord-est, le pays peine encore à attirer les entreprises chinoises et russes qui se plaignent de la vétusté des infrastructures, de la fréquence des coupures de courant et de la corruption. Sur la côte sud-ouest, les investisseurs sud-coréens peinent à développer les usines du parc de Kaesong. Ils n'y emploient toujours que 50.000 Nord-Coréens et voient leurs projets menacés par les régulières bravades militaires ou politiques de Pyongyang. Beaucoup ont aussi été refroidis par la brutale dévaluation décrétée en novembre 2009 par Kim Jong-il .
Chiffrer la réunification coréenne : de nombreux économistes s'y sont cassé les dents
Au final, les estimations vont de 50 milliards... à 1500 milliards de dollars ! Le point de comparaison qui revient presque toujours est celui de la réunification allemande. Mais la différence de niveau de vie entre les deux Corées est beaucoup plus importante qu'entre les ex-RFA et RDA. Le PIB par habitant en Corée du Sud est de 30 000 dollars... contre 1 800 dollars en Corée du Nord, un pays complètement sous-développé économiquement. Autant dire que le rééquilibrage prendrait du temps et beaucoup d'argent. La Corée du sud s'y prépare : le mois dernier, le gouvernement a annoncé la mise en place d'un fonds pour la réunification censé lever 50 milliards de dollars. A terme, réunir les deux Corées pourrait donner naissance à une vraie puissance mondiale. Comme le montre une étude de Goldman Sachs, la Corée du sud vieillissante pourrait bénéficier des quelques points forts du Nord : une démographie active et des richesses minières... sans compter un potentiel de rattrapage immense en matière de consommation.
La RPDC sous l'emprise chinoise ? La Chine souhaite importe son modèle de « socialisme de marché ».
La Chine tente d'entraîner son voisin reclus sur la voie des réformes qu'elle a adoptées chez elle trois décennies plus tôt, et lui prouver qu'elles peuvent avoir lieu sans que le Parti des travailleurs ne cède le pouvoir. Pékin estime qu'il y a moins à perdre d'une dynamique d'ouverture envers la Corée du Nord (République populaire et démocratique de Corée, RPDC), du moment qu'elle est mesurée et encadrée, que d'un appauvrissement continu du régime, qui risque de le mener à l'implosion. Le climat est donc aux affaires entre les milieux nord-coréens autorisés (des groupes d'État ou des officines liés à l'armée et à leurs familles) et ceux qui en Chine s'imaginent, à tort ou à raison, qu'ils pourront tirer leur épingle du jeu d'un environnement qui évoque parfois la Chine des années 80 ou 90. La Corée du Nord survit sous perfusion chinoise. Selon l'Institut de recherche économique sud-coréen Samsung, les échanges avec la Chine représentaient 56,2% du commerce extérieur de la Corée du Nord en 2009, la première fois depuis la chute de l'Union soviétique que plus de la moitié des échanges de la RPDC se faisaient avec un seul État. Selon une source chinoise, environ 20 % de l'aide extérieure chinoise irait à Pyongyang, même si le chiffre exact demeure secret. Pour survivre, Pyongyang, qui doit aussi naviguer entre les restrictions commerciales mises en place par les Nations unies après les expérimentations nucléaires, a dû récemment accroître sa dépendance au commerce avec la Chine. L'an dernier, le régime a augmenté ses importations de denrées chinoises, comme le blé, l'huile et le pétrole, de plus de 21 % à 2,3 milliards de dollars. Pour financer ces achats et alimenter les caisses de l'Etat, le régime nord-coréen a accru, lui, de 51 %, à 1,2 milliard de dollars, ses exportations vers son puissant voisin. Il livre par train du charbon, du cuivre, du minerai de fer ou encore de la magnésite.
L’Armée populaire de Corée (APC) garant du pouvoir du pays
L’Armée populaire de Corée (APC), forte de plus d’un million de soldats, est indispensable à l’héritier de Kim Jong-il pour asseoir son pouvoir. Considérée comme la cinquième plus grande armée du monde pour son effectif, elle est un Etat dans l’Etat dont le pouvoir politique et économique n’a fait que grandir depuis une décennie et jouera un rôle clé dans les orientations du nouveau pouvoir. Marchant sur les traces de son père, le jeune héritier s’est appuyé sur les militaires pour préparer son ascension vers le pouvoir suprême. Au retour de son séjour suisse, le jeune homme a fait ses classes à l’Université militaire Kim Il-sung, puis sur un poste avancé frontalier, affirme sa biographie officielle. Il y aurait acquis une solide expérience d’artilleur qui lui aurait permis de piloter le bombardement de l’île sud-coréenne en novembre 2010 et le torpillage de la corvette Cheonan, en mars de la même année, comme le soupçonnent les services de renseignement à Séoul. Inventées ou avérées, ces prouesses permettent au jeune capitaine de gagner ses galons en soignant son image de stratège militaire.
La RPDC figure de la lutte contre l'impérialisme étasunien en Asie
Si il y a une épine dans le pied des Etats-Unis en Asie c'est bien la RPDC, qui résiste depuis 1953 à toute ingérence politique, militaire et économique de ce qui est pour les nord-coréens l'ennemi à abattre. A tel point que la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'est prononcée pour une transition "stable et pacifique" en Corée du Nord et a rajouté sans crédibilité que les États-Unis "demeurent préoccupés pour le bien-être de la population nord-coréenne". L'influence de la RPDC est importante en Asie, notamment en Corée du Sud ou elle dispose de nombreux sympathisants organisés au sein du Front démocratique national anti-impérialiste (AINDF) qui rayonne aussi au Japon. Kim Jong-il a incarné la résistance acharnée contre l'étranger auprès d'un peuple qui n'a aucune connaissance de ce qui se passe vraiment et qui se sent désormais comme orphelin.
Politique de songun : L'« impasse idéologique » du Juché
Donnant la priorité à l'armée dans la construction du socialisme nord-coréen, la politique de Songun a été élaborée et développée par le dirigeant Kim Jong-il dans le prolongement des idées du Juche. Selon le site officiel nord-coréen Naenara, « la politique de Songun est un mode politique qui fait des affaires militaires les tâches prioritaires de l’Etat et permet de défendre la patrie, la révolution et le socialisme et de pousser avec force l’édification socialiste dans son ensemble en s’appuyant sur la nature révolutionnaire et la combativité de l’Armée populaire. » Le renforcement de la puissance militaire doit avoir pour corollaire une puissance économique accrue, dans la perspective de la Réunification de la Corée. Ainsi, toujours selon le site Naenara, « c’est grâce à la politique de Songun et à la direction de la révolution fondée sur le Songun que la République populaire démocratique de Corée a pu donner lieu à de nouvelles réalisations dans l’édification d’une grande puissance prospère et que l’œuvre de réunification de la patrie a pu aborder une phase marquante.» La politique de Songun a été présentée pour la première fois officiellement le 20 octobre 1998. D'après le site officiel Naenara, « les idées du juche peuvent se résumer à ceci : le peuple est le maître de la révolution et du développement du pays et a les capacités à les promouvoir. Ces idées reposent sur le principe philosophique selon lequel l'homme est maître de tout et décide de tout. Les idées du juche présentent une conception du monde axée sur l'homme et une philosophie politique visant à réaliser la souveraineté des masses populaires, c'est-à-dire une philosophie précisant le fondement de la politique qui permet de conduire la société à son développement par la voie la plus droite. » La doctrine du juche reprend des idées du communisme qui prône une société sans classes et repose également sur le principe d'indépendance politique, d'auto-suffisance économique et d'autonomie militaire. Elle a comme objectif la réunification avec la Corée du Sud. Selon le discours officiel de la Corée du Nord, la doctrine du juche constitue cependant « une nouvelle idéologie révolutionnaire originale », Kim Il-sung a « découvert les nouveaux principes de la révolution » et « formé le noyau des idées du juche, idées révolutionnaires de la souveraineté » .
Quel avenir pour le peuple de RPDC ?
Là est la question car les enjeux primordiaux sont la satisfaction des besoins les plus essentiels du peuple. La construction du socialisme et de l’indépendance nationale de la RPDC est une lutte à laquelle le peuple doit être acteur, le peuple doit s'emparer du Parti du Travail de Corée et démocratiser ses organisations de masse. Les sornettes libérales venues des pays capitalistes sont un leurre qui n'aidera en rien ce pays a se reconstruire. L'ouverture économique voulue par la Chine permettra la création d'un oligarchie super puissante comme en Russie après la chute de l'URSS. La solution résiderait dans la mise au pas de la nomenklatura du Parti du Travail de Corée pour faire monter à la place non pas des gestionnaires à la recherche de privilèges mais des ouvriers, des paysans, des intellectuels conscient des problèmes réels de la population. Seul le peuple doit décider et aucune puissance étrangère ne doit interférer, ni les assassins des États-Unis, ni l'ancienne puissance coloniale qu'est le Japon, ni l'allié intéressé chinois, ni le voisin russe. La RPDC a des atouts pour sortir de la crise. |
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